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Photo du rédacteurAlbert Controverses

Dossier : “Le malheur des uns fait le bonheur des autres”: ce que le confinement a rendu à la nature

Dernière mise à jour : 7 mai 2021

Qui aurait pensé inscrire le confinement dans une rubrique de bonnes nouvelles…? Ne plus sortir, ne plus voir ses amis, ne plus se souvenir de l’ambiance des bars ou du goût d’un plat au restaurant : un mal nécessaire durant cette crise sanitaire. “L’homme est un animal socia”l selon Aristote, rester enfermé entre quatre murs n’a donc rien d’habituel ou d’agréable. Et nous ne sommes pas sortis de l’auberge ! Pourtant, il y en a une qui a bénéficié de ces restrictions. Celle que nous apprécions tant exploiter, dont nous profitons des ressources sans scrupules, que nous détruisons à petit feu : Mère Nature ! Il semble en effet qu’elle s’en sorte bien mieux sans nous…

Le premier effet que nous pouvons constater, et pas des moindres, n’est autre que la diminution de la pollution. Et par « pollution » nous pouvons aussi bien parler d’une pollution aérienne, sonore ou aquatique. Le confinement implique un arrêt des déplacements, et donc un ralentissement des trafics routiers et aériens. Même si nous continuons évidemment de croiser des voitures ou des avions, la forte diminution de leur utilisation a permis une baisse de la pollution atmosphérique. Le niveau de dioxyde d’azote a chuté de moitié dans toutes les régions françaises, de 40% dans les grandes villes chinoises, et de 67% en Martinique. Même constat dans les grosses métropoles européennes, où la qualité de l’air a été améliorée de 20 à 30% selon l’ESA (Agence Spatiale Européenne). Des statistiques rendues possibles également grâce à la fermeture de certaines entreprises et la réduction des activités industrielles.


Fermer Toyota ou ralentir les actions d’Air France, ça aide ! On respire tout de suite mieux quand les Hommes restent chez eux. La Covid-19 a beau causer des milliers de morts, cesser d’inspirer chaque jour de grandes bouffées d’air pollué purifie nos poumons. Sans parler du nombre de personnes ayant décidé de se mettre au sport. Sortir courir une petite heure, quelle bonne excuse pour quitter son domicile ! Pour autant, cette activité bénéfique pour le corps et l’esprit n’empiète en rien sur la nature, qui en a bien profité pour se régénérer sous les yeux et les pas de ces nouveaux sportifs du dimanche.

La pollution aquatique a, elle aussi, diminué. Des étudiants de l’Université de Pise ont constaté une nette amélioration de la qualité des eaux des grandes capitales européennes. Entre janvier et avril 2020, force est de constater que la toxicité de l’eau de la Seine ou de la Tamise a baissé. Moins de produits chimiques rejetés dans le milieu aquatique, mais aussi moins de déchets. Avec un trafic maritime plus faible, et la population enfermée, les mers et océans peuvent respirer un petit peu. N’oublions pas tout de même les tonnes de plastique qui se promènent toujours dans l’eau, et mettront des centaines voire même des milliers d’années à disparaître. Car rappelons-le, un sac en plastique a besoin de 450 ans pour se dégrader, et ne parlons même pas d’une bouteille qui peut traîner jusqu’à 1000 ans !


Le confinement a également provoqué une grosse diminution de la pollution sonore. En Île-de-France, elle a baissé de 80% depuis le début du confinement (Bruitparif). Moins de klaxons sur les routes, de marteaux-piqueurs sur les chantiers, de cris dans les rues… Mais en tendant l’oreille, on remarque une recrudescence des chants d’oiseaux. Car oui, nos oreilles profitent pleinement de cette dépollution sonore, mais les grands gagnants du confinement sont les animaux. En effet, notre enfermement a eu des conséquences positives sur la faune. Selon Marjorie Poitevin, responsable de programme à la Ligue de Protection des Oiseaux, « il n’y a pas plus d’oiseaux, mais on fait plus attention à eux ». Ils sont en effet plus actifs et plus bruyants dans nos villes, mais étaient pourtant bien présents avant le confinement. Nous ne levions pas suffisamment la tête pour les contempler… Il est cependant véridique que l’absence d’activités humaines encourage leur reproduction, de même que pour d’autres espèces. En Guyane par exemple, les tortues vertes sont nombreuses à venir pondre sur la plage, bien plus que les années précédentes. Le confinement permet donc un renouveau de la biodiversité, de la faune comme de la flore. Les animaux se reproduisent et la nature se reconstruit. Pourrait-on même aller jusqu’à sauver des espèces en voie de disparition ? Certaines espèces animales que nous n’avions plus l’habitude de voir ont refait surface suite à cette période, posant la question de la place des hommes dans le monde sauvage. Le confinement a de plus diminué les activités de chasse et de pêche, mais aussi les accidents mortels. En temps normal, des dizaines de milliers de crapauds, grenouilles et escargots sont écrasés sur les routes. Moins de circulation routière implique moins de collisions.

Le calme qui règne dans les villes déstresse également les animaux. Ceux-ci n’ont pas hésité tout au long du confinement à pointer le bout de leur museau dans nos rues. Des biches, des lièvres, des renards… Tous profitent de notre absence pour fouler le goudron des cités, qui recouvre ce qui était autrefois leur territoire de verdure. Dans le but de mettre la lumière sur les bienfaits du confinement sur la nature, plusieurs scientifiques encouragent la population à ouvrir les yeux et observer l’environnement. Sur Twitter, l’ornithologue Maxime Zucca propose de découvrir, depuis chez soi, les oiseaux urbains. La Ligue pour la protection des oiseaux propose, dans le même esprit, de participer au grand comptage national des oiseaux des jardins. Même initiative de la part du Muséum National d’Histoire Naturelle, qui encourage « l’opération papillons», afin d’observer et compter les insectes pollinisateurs.


Le confinement a donc bel et bien eu des effets positifs sur la nature. La dépollution de l’air, de l’eau et sonore profite aussi bien à la faune qu’à la flore. Notre absence humaine permet aux animaux de reprendre leurs droits, de se reproduire et de vivre bien plus en paix qu’auparavant. Même si en réalité, ils ne sont pas vraiment plus nombreux, mais surtout plus visibles et plus audibles. Cependant, le déconfinement et la reprise des activités humaines peuvent effacer brutalement les bénéfices gagnés par la biodiversité. Un répit de courte durée pour la nature… Mais qui aura peut-être eu pour avantage d’ouvrir les yeux des Hommes concernant leur impact catastrophique sur l’environnement. Le confinement nous force en effet à prendre conscience de ce qui nous entoure, écouter et observer la nature sans la détruire. Une bonne nouvelle qu’il faut perpétuer, même lorsque le coronavirus ne sera plus qu’un lointain souvenir. Notre environnement est précieux, il faut le préserver, et pas seulement en temps de crise sanitaire.


Solenn Faggianelli



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