Il y a presque 3 mois, comme tous les autres 2A, je devais « choisir » (merci la scola) mes cours et options pour l’année, dans le cadre des merveilleuses « inscriptions pédagogiques ». Un choix plutôt simple de prime abord, sur le papier du moins. MAIS, mine de rien, choisir des horaires qui pourraient dicter ta vie sociale, des cours qui pourraient jouer un rôle dans tes futurs choix de carrière etc… , ce n’était pas si facile !
Bref, je me suis dit que cette situation était quand même pas mal représentative de tous les autres dilemmes qu’on peut avoir dans la vie. Dans ce cas particulier, il n’y avait pas une infinité de choix, et donc une plus petite probabilité d’éprouver des regrets derrière - même si je ne risque pas de dire la même chose en plein amphi de droit admin avec Bigli ...
Dans ses conférences sur le « paradox of choice », Barry Schwartz nous dit que plus on a d’options, plus c’est dur de prendre une décision, surtout une bonne. Prenons un exemple qui me plait bien, celui de l’achat de chocolat dans un supermarché. Dans un carrefour city à Rennes, j’ai compté 95 tablettes différentes. Il est normal dans cette configuration-là de douter de son choix en sortant, pourquoi ne pas avoir pris le chocolat blanc aux flocons de noix de coco plutôt que le Milka aux Oreo ? S’il n’y avait que 3 types de tablettes : chocolat noir, blanc et au lait, le choix serait nettement plus simple.
On peut extrapoler ce postulat à nos vies en général. En soi, on est à peu près libres de prendre les chemins que l’on souhaite, mais il y en a tellement que vivre sans regrets serait quasiment impossible, surtout qu’on ne parle pas de chocolats mais de TOUTE TON EXISTENCE. On peut voir la liberté comme une bénédiction, c’est incroyable de pouvoir prendre un train sur un coup de tête ou de dire « ornithorynque » sans aucune raison, mais ce grand pouvoir implique d’immenses responsabilités, tout d’abord envers soi-même. Il implique qu’on est condamnés à prendre des décisions difficiles et à donner suite à celles-ci. Et si on prenait la mauvaise ? « L’angoisse est le vertige de la liberté ». Cette phrase de Soren Kierkegaard résume bien la chose.
L’angoisse, c’est l’effet paralysant de la possibilité, de la reconnaissance de l’infinité de notre propre existence. On la ressent parce qu’on est libres de créer, de se créer soi-même. C’est en refusant de le faire qu’on sombre dans la mauvaise foi, le déni de l’existence même de la liberté et dans la dépression. On a donc la responsabilité de ne pas externaliser la création de son identité, comme il est facile d’externaliser la formation de notre moralité à un curé ou à un philosophe, mais surtout celle d’accepter cette angoisse, de s’abandonner à elle. C’est seulement en reconnaissant notre liberté et tout ce qui en découle, que ce soit les débats internes compliqués ou les émotions négatives qu’elle entraîne parfois, qu’on peut réellement grandir et accueillir la réalité telle qu’elle se propose.
Raphaël Beaghen
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