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  • Photo du rédacteurAlbert Controverses

L’ivresse de la violence

Dernière mise à jour : 10 nov. 2020

Violences policières, violences conjugales, attentats terroristes, guerres civiles, bombardements, agressions racistes, homophobes, antisémites, la violence ne nous est pas inconnue. Pourtant on vante souvent la « pacification » de nos sociétés modernes, qui ne laissent plus place à la barbarie et à la cruauté d’antan. Un monde pacifique ? Vraiment ? Certes il y a violence et violence car cette notion peut aller d’une insulte lâchée dans un embouteillage à un génocide comme celui des Rwandais faisant 800.000 morts, mais peut-on réellement dire que la violence a diminué ?


La guerre n’est plus mondiale depuis 85 ans, mais elle n’a pas disparu. Le Moyen-Orient n’a pas fini de se déchirer, les israéliens et les palestiniens n’ont pas fait la paix, le Liban est au bord de la guerre civile et les attaques terroristes se multiplient, sur tous les continents. Malgré tout, les mentalités changent et la guerre n’apparaît plus aujourd’hui comme un moyen de diriger et de régler un conflit. En comparaison avec le XXème siècle, la diplomatie multilatérale, le dialogue entre les 4 coins du globe est devenu une nécessité. D’un autre côté, deux guerres mondiales, cinq génocides et un nombre incalculable de dictatures militaires qui suppriment leurs opposants, en les jetant à la mer par exemple, il va être difficile de faire plus violent que le XXème siècle.

Mais la violence existe aussi dans les démocraties en paix. La violence d’État y est moins brutale que dans les dictatures, la différence entre Macron et Poutine étant que ce dernier ordonne la répression des manifestants au moment où ils franchissent leur porte, mais elle est belle et bien là. Bien que cela s’agisse de bavures policières, et non de modes opératoires autorisés, les éborgnés et les amputés se sont multipliés durant le mouvement des gilets jaunes en France. Les violences n’ont pas cessé depuis, puisque plus d’un an après, le meurtre d’un citoyen noir américain par deux policiers soulève un mouvement international contre les violences policières et notamment les violences racistes. Avoir besoin de clamer « Black Lives Matter » en 2020 est la preuve que nous ne sommes pas à l’aube de la fin de la violence.

Les violences dans la sphère privée n’ont pas non plus disparu. Les femmes et les enfants continuent de recevoir les coups des pères et maris. En France, un féminicide a lieu tous les deux jours et demi. En revanche, l’avancée majeure dans ce domaine est la visibilité qui est donnée à ces violences. Les associations comme NousToutes cherchent à dénoncer ces abus, à encourager leurs punitions, à former la population à y réagir. En effet ces violences, au même titre que les violences racistes ou homophobes subsistent, mais aujourd’hui elles choquent. Mais le combat reste loin d’être gagné…

Il est difficile de mesurer la violence dans notre société. Nous sommes dans un monde qui semble globalement pacifié mais les médias ne cessent d’exacerber la violence, les documentaires, les séries, les films sur des évènements atroces, inspirés d’une histoire vraie si possible, se multiplient. Pourquoi ? Parce que la violence nous fascine autant qu’elle nous horrifie. C’est peut-être pour ça, dans le fond, que la fin de la violence n’est pas envisageable, « c’est une sorte d’ivresse, la violence » dirait Claire de Lamirande.


Lili Auriat

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