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Photo du rédacteurAlbert Controverses

DOSSIER : ces milliardaires qui donnent pour le monde

Dernière mise à jour : 20 avr. 2020

Beaucoup d’articles de ce numéro ont pour objectif de critiquer le pouvoir de l’argent et de montrer l’aspect indéniablement négatif que ce dernier peut avoir sur la société actuelle. Pourtant j’ai décidé de prendre un angle antagoniste à celui défendu par la majorité : dans cet article, il s’agit de montrer que posséder de l’argent ne doit pas forcément rimer avec corruption ou malhonnêteté.


De nos jours, tout augmente chez les riches : leur nombre, leur fortune et leur générosité. Les personnes les plus riches dans le monde sont désormais assises sur une fortune de 4 000 milliards de dollars. Mais en même temps, la « richesse » de la moitié la plus pauvre de la population mondiale a chuté de 11 %. La grande question est alors : comment lutter pour palier à cet écart ? certain répondrons en un simple mot : la philanthropie.


La philanthropie est un mouvement vers l’autre, elle s’adresse d’abord à tout ce qui n’est pas « soi » et ce, peu importe la taille ou la forme du don. Terme issu du grec signifiant « l’amour de l’humanité », il a longtemps été rattaché aux grandes religions qui ont toutes fait du don un de leurs piliers. Cependant, le phénomène s’est aujourd’hui modernisé et les défenseurs de la philanthropie actuelle ont souligné une distance avec la « charité » religieuse, celle-ci étant accusée par exemple de ne pas agir sur le long terme en s'attaquant aux effets de la pauvreté, et non pas en cherchant à agir sur les causes.


L’un des exemples les plus connus de philanthropie moderne est celui de la philanthropie américaine, fortement développée comparé à la philanthropie française (qui ne représente « que » 7,5 milliards de dollars contre plus de 375 milliards outre-Atlantique). Elle est incarnée par l’association Giving Pledge, fondée en 2010 par Bill Gates et Warren Buffet. Ces derniers ont lancé un mouvement réunissant les personnalités les plus riches des États-Unis qui se sont engagées à donner au moins la moitié de leur fortune pour des causes caritatives. Aujourd’hui ce mouvement rassemble 206 milliardaires devenus des modèles pour tous les « riches » avec leurs dons astronomiques pour des causes comme le réchauffement climatique, la recherche de vaccins, la gestion des réfugiés, …


Pouvons-nous pour autant conclure que les milliardaires sont les nouveaux justiciers des temps modernes, héros agissant dans l’ombre en donnant les millions sans attendre la moindre contrepartie ? Beaucoup sont encore loin d’en être persuadés.


La philanthropie source de débats


Aux mains des grands milliardaires de ce monde, la philanthropie est pour certains un instrument de progrès social et, pour d’autres, un instrument de contrôle social. En effet, les plus sceptiques regardent la philanthropie d’un mauvais œil, cette dernière incarnant tour à tour à leurs yeux un altruisme inefficace, un loisir pour personnes fortunées, ou encore une façon d’éviter la fiscalité.


Certains critiquent le poids de leur œuvre au sein de la société, puisqu’un don d’une telle somme les place automatiquement en tant que décideurs. Ainsi, beaucoup craignent l‘influence que peuvent avoir ces nouvelles personnalités de premier ordre puisque ce sont eux qui décident seuls où placer leur argent ; et que le reste de la société ne peut plus qu’espérer que leurs choix soient pertinents. Or lorsqu’on voit Jeff Bezos (PDG d’Amazon) demander à ses abonnés twitter – loin d’être les personnes les plus affutées sur la question - de décider à quelle association il fera don de millions, les inquiétudes se confirment.


Faire taire les sceptiques


Mais comme disait Aristote « Faire du bien aux autres, c’est de l’égoïsme éclairé ». Au fond, à quoi bon essayer de critiquer le « pourquoi » du don si le montant permet aux personnes en difficulté de reprendre un peu d’espoir.


« Mon engagement me ramène dans le monde réel. Dans ma vie, j’ai énormément de chance et parfois, quand tu te plains pour pas grand-chose, ça te remet les idées en place. » Alassane Pléa, ex-footballeur de l’OGC Nice et millionnaire à 25 ans, illustre bien l’altruisme simple et innocent dont peuvent simplement faire preuve les plus riches d’entre nous. La société change, évolue, et parfois cela peut mener à de bons résultats. La nouvelle génération est particulièrement touchée puisque 20 % des étudiants qui rejoignent Stanford, Harvard, ou Sciences Po, ambitionnent désormais travailler dans l’économie sociale et solidaire alors que ce taux flirtait avec 0 % il y a dix ans.


La philanthropie repose ainsi sur l’engagement des acteurs pour agir au profit de l’intérêt général et rendre la société meilleure. Il suffit donc d’avoir un peu d’espoir en l’humanité et en ses acteurs pour croire que ceux qui possèdent beaucoup d’argent ne cherchent pas toujours à l’accumuler sans fin. Or avec les 374 milliards de dollars par an que représentent simplement les dons des grandes fortunes américaines, il y a déjà largement de quoi faire bouger les choses.


Par Luana Le Stir





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