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Photo du rédacteurAlbert Controverses

REPONSE : Les Iraniennes face au port du voile

Réponse à l'article "Le voile en Iran" de Emilie Géral, publié dans le numéro des droits humains


Marjane Satrapi, dans Persépolis, livre un témoignage autobiographique poignant d’une petite fille qui a vécu la révolution islamique de 1979 et qui se rêve en révolutionnaire alors qu’elle est désormais obligée de porter le voile. Pour l’auteure comme pour beaucoup de femmes de sa génération, le changement est abrupt et la condition des femmes subit un coup dur. Néanmoins, face au port du voile, les Iraniennes semblent s’émanciper depuis l’arrivée au pouvoir d’Hassan Rohani en 2013. Dans la presse occidentale, les rares actes féministes font les gros titres et la répression de l’Etat apparaît seulement en arrière plan.


Le code vestimentaire d’après la loi islamique


La loi islamique est mise en place dès la révolution de 1979 et restreint les droits des femmes alors que l’Iran apparaissait avec le shah Pahlavi comme un pays très occidentalisé face à ses voisins. Le port d’un voile et d’un manteau long est décrété obligatoire pour toutes les femmes, y compris les touristes, dès l’âge de 9 ans, et en cas de non-respect, les femmes sont passibles d’une peine de prison. Dès lors, manger au restaurant ou conduire dans Téhéran nécessitent de respecter ce code vestimentaire. Néanmoins, la loi ne force pas les femmes à porter le tchador, voile intégral, qui relève de la coutume pour les familles extrémistes.


Vers une libéralisation du port du voile ?


Ces dernières années, sous la direction de Rohani, la politique du gouvernement est devenue plus souple sur la question du code vestimentaire. Toutefois, cette politique est purement stratégique, dans la mesure où elle vise à limiter les révoltes et à accroître le soutien du régime par les Iraniens. Le passage s’opère du port du hijab, foulard sombre, au port de foulards colorés que les Iraniennes portent aujourd’hui très en arrière, laissant voir leurs cheveux. De plus, les Iraniennes se veulent provocantes avec leurs manteaux portés au-dessus des genoux, leur maquillage chargé et l’usage intensif de la chirurgie esthétique.


La répression du régime islamique iranien


Cependant, en 2019, des femmes sont arrêtées pour avoir enlevé leur voile en signe de défi. Et récemment, il est demandé aux citoyens de dénoncer par sms les femmes ne s’habillant pas de manière conforme. Le régime islamique fait en sorte de susciter des réactions contre les formes de féminisme qui pourraient se manifester avec trop de virulence. L’obligation du port du voile n’est pas prête d’être levée, dans un pays en proie à un fort nationalisme suite aux actions de Donald Trump. Avec l’anniversaire de la Révolution le 11 février dernier, les Iraniens se mobilisent contre la campagne féministe.


Pour avoir personnellement porté le voile en Iran, je peux affirmer que le regard des hommes dans la rue joue un rôle important dans la mentalité que le régime veut faire adopter. C’est affreusement gênant d’être regardée comme si l’on était un morceau de viande dès qu’on laisse voir nos chevilles. De plus, le voile ne protège pas car les hommes iraniens les moins éduqués sont des harceleurs. Si, aujourd’hui, les nouvelles générations ont accès à Internet et voient au-delà du régime, la peur de la répression est telle que l’obligation du port du voile ne sera pas levée de sitôt. Ce n’est, de plus, qu’une facette de la discrimination que subissent les femmes : renverser en voiture une femme en Iran et marier une petite fille ne sont pas des crimes.


Par Margot Laoué


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