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  • Photo du rédacteurAlbert Controverses

PORTRAIT : Crimes, châtiments, et figures du vice chez Dostoïevski

Dernière mise à jour : 24 mars 2020

Écrivain russe du XVIIIe siècle, Fiodor Dostoïevski met en scène des personnages désespérés, des anti-héros guidés par le goût du crime et le vice. Dans ses œuvres, comme Crime et Châtiment, Le Joueur -entre autres- on rencontre des individus débauchés, nihilistes, oscillant entre folie et dévotion chrétienne.


Relire l’œuvre de Dostoïevski aujourd’hui, c’est peut-être tendre un miroir vers nos propres passions, nos questionnements et nos fragilités. Si ses personnages fascinent autant, c’est parce que, au fond, ils nous parlent de nous, nous nous reconnaissons dans leurs bassesses et leurs faiblesses. Pour autant, cette écriture de l’abjection, de la misère, touche aussi au sublime, à l’apothéose. En effet, Dostoïevski a fondamentalement foi en l’homme. Celui-ci est certes capable de provoquer sa chute, mais c’est par la foi, la croyance en une sublimation par l’art et la religion, que l’individu est capable de se sauver de l’anéantissement et de la folie.


Dostoïevski, un intellectuel socialiste honni par le régime tsariste

Dans les années 1840, à 24 ans Dostoïevski fréquente les cercles intellectuels socialistes de Saint Pétersbourg, composés d’auteurs et de philosophes opposés au régime absolutiste de Nicolas Ier. En 1849, ses membres sont arrêtés, et Dostoïevski condamné à la peine capitale après un passage par le bagne. Pourtant, il est sauvé seulement quelques secondes avant son exécution : gracié par l’Empereur, il est soumis aux travaux forcés et à l’exil. Sa déportation dans le bagne sibérien le métamorphose, cela marque le point de départ d’une vertigineuse ascension spirituelle qui le transfigurera.

L’expérience de la condamnation à mort et de l’exil le bouleverse et fait alors germer les thèmes principaux de ses œuvres : la déchéance humaine et le penchant à commettre le mal, qui peuvent malgré tout être renversés par la foi en un absolu métaphysique et religieux.


Des personnages en marge…

Dans ses récits, comme Le Double ou Un cœur faible, Dostoïevski met en scène un monde étrange, n’obéissant à aucune loi. Les personnages incarnent des criminels, des débauchés, ivrognes ou parricides, dont rien ne justifie le comportement, si ce n’est l’absence de morale humaine. Tentés par la destruction, par le crime gratuit, les passions, les héros semblent crouler sous l’affrontement constant entre le bien et le mal. « Peut-on vivre avec tant d'enfer au cœur et dans la tête ? » demande Aliocha dans Les Frères Karamazov.


… mais sauvés par la foi

Malgré tout, dans ce sous-sol malsain, nauséabond, souffle l’air de la grâce, de l’élévation de l’âme humaine. Face à la condition absurde de l’homme, Dostoïevski parvient à combler l’abîme du mal dans la révélation religieuse, par la foi en une puissance supérieure. Par là même, la croyance en une Justice métaphysique et universelle offre la possibilité à l’homme d’élever son âme. Pour y accéder, il faut alors justement faire l’expérience du péché : le mal est finalement nécessaire pour toucher à la grâce, au salut.

Ainsi, c’est un passage par les profondeurs abyssales de l’âme humaine que nous propose Dostoïevski, constituant le seul moyen d’atteindre la véritable grandeur de l’homme, capable de rédemption et de pardon.


Rédigé par Carla Deloux

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