« L'Égalité e(s)t différence » : Tous égaux, tous différents
Tous différents mais tous égaux. C’est ce qui me semble le plus représentatif de l’idéal qu’on devrait atteindre. Et pourtant, pour beaucoup « différence » et « égalité » sont antinomiques. D’autres vous diront que l’égalité est plus importante que nos différences, qu’elle suppose un petit sacrifice : laisser de côté ces différences qui nous composent, se conformer au groupe pour pouvoir atteindre l’égalité. Ce que je réfute totalement. L’individu est fondé sur ce principe de différence, c’est cet écart qui nous distingue, tout en nous rapprochant.
« L’égalité », cette notion au cœur de notre devise Républicaine permet tout aussi bien de définir les individus en tant que tels. Le caractère de l’égalité permet l’absence de discrimination entre les êtres humains, sur le plan de leurs droits. Tous sont égaux et ont les mêmes droits. Ce terme « d’égalité » est bel et bien un idéal. Un idéal que l’on atteindra quand auront cessé toutes les discriminations existantes. Lorsque chaque individu sera regardé de la même façon qu’importe son genre, son origine, son âge, sa religion... Pour l’instant le chemin semble encore très long. Mais, chacun de nous a un rôle à jouer dans ce chemin vers l’égalité. Je suis convaincue que l’égalité n’est possible qu’avec la conservation de nos différences. Pourquoi ? Tout simplement parce que comme nous le dit si bien Hannah Arendt « La pluralité humaine a le double caractère d’égalité et de distinction ». L’égalité et la différence sont nos principales composantes en tant qu’individus, nous rendant uniques. En bref, on peut reprendre notre célèbre phrase entendue depuis nos premiers pas scolaires : Tous différents, tous égaux. Si elle peut paraître bateau, elle illustre parfaitement bien la situation. Tous les êtres sont universellement égaux et particulièrement différents. Naturellement les individus tendent vers l’égalité mais gardent leurs particularités. Mais cela reste encore un bien long chemin hasardeux.
Au quotidien on constate une volonté de gommer les différences, une volonté de nous rendre conformes et homogènes pour atteindre plus facilement l’égalité. Et c’est malheureusement un comportement naturel, être comme les autres, en public, pour bénéficier du même traitement, on veut à tout prix éviter de sortir du lot. Ce conformisme commence dès notre plus jeune âge, à l’école on nous apprend à bien parler, à bien rédiger, à entrer dans un cadre. Le principe est simple : on garantit une mise à niveau égalitaire des élèves pour qu’ils puissent bénéficier d’un traitement soi-disant égalitaire de leurs dossiers. Je pense que les différences d’expression ou d'analyse devraient être prises en compte : ces diversités qui nous composent doivent s’imposer même dans l’égalité. L’égalité doit être le traitement similaire de l’individu en lui-même sans regarder son genre, ses origines ou sa façon de s’exprimer mais bien ce qu’il peut apporter. La mise en valeur des différences est e-ssen-tielle.
« Comment conserver sa différence dans l’égalité » est un sujet dense, qui pourrait nous prendre des heures tant il y a d’éléments à développer. Mais la question qui se pose réellement c’est comment pouvons-nous être égaux sans que nous soyons des copies conformes. La solution idéale serait de casser les codes, de montrer que les différences, quelles qu’elles soient, sont les bienvenues. L'Égalité est différence. Imposer des codes entraîne une frustration, parce que les différences ne sont pas exprimées, l’individu est isolé, et, nous sommes d’accord, ce n’est pas la solution idéale. La meilleure façon pour nous de conserver nos différences même dans l’égalité est de ne pas les cacher, de montrer notre vérité, d’abattre les codes, et de prouver que la différence est le socle de l’égalité en tenant compte du bien-être de chacun.Malheureusement, masquer nos distinctions nous donne l’impression d’un traitement parfois plus égalitaire. Partir de la même base, se ressembler pour être traité de la même façon. Les différences nous composent, et, abandonner qui nous sommes ne nous donnera que de la frustration.
Alors, le meilleur moyen pour conserver nos différences tout en étant égaux, serait la fin de toutes discriminations, que nous soyons tous considérés comme égaux, certes en droit, mais aussi en tant qu’individus. Normaliser la différence pour espérer l’égalité. Et cela relève de notre devoir envers tous ceux que nous côtoyons. Soyons nous-même, affirmons nous -vous-, et notre idéal égalitaire sera bientôt plus qu’une utopie : une réalité.
Charline Breil