Ce titre n’est pas de moi, il est celui que le Courrier international a choisi comme thème de son édition hebdomadaire. Il m’a cependant laissé dubitative.
En faisant état de l’impact du Covid 19 sur la jeunesse, des thèmes sont inévitables : un futur incertain, des relations fragilisées, des amours questionnés ou laissé de côtés pour un temps. Il ne fait pas bon vivre d’être étudiant en temps de pandémie mondiale.
Mais il semble qu’en plus, chacun aurait son mot à dire sur les conséquences à venir. Le monde du travail nous ferme ses portes, avec un immense panneau rouge placardé sur les CDI et les emplois partiels. Etre intermittent du spectacle n’était déjà pas un métier à présenter à ses parents lors de son orientation rêvée en 6ème, elle le devient encore moins après une prise de conscience à 20ans. Non pas que l’idée me fasse également rêver, mais que nous reste-t-il si nous établissons cette pause comme une fermeture durable de nos plans d’avenir ?
Evidemment, tous les codes changent. On se surprend à envisager les critères d’une relation durable comme : une histoire qui tiendra si l’on tient un nouveau confinement. On se lève un matin avec la soif de travailler seul et de faire de cette situation une opportunité et le
lendemain avec l’estomac grondant d’une sociabilité insatisfaite.
Une autre supposition du moment exprimée par le journal Expresso : « la multiplication des écrans modifie les liens sociaux. “Si l’utilisation des technologies a été « un atout énorme », elle pourrait augurer d’“un avenir aseptisé et ultravirtuel”, ». Il est vrai qu’un apéro sur Zoom n’a jamais été la meilleure expérience à vivre, éteindre son écran ivre et se retrouver face à une chambre vide d’une seconde à l’autre n’est pas une belle façon de réaliser l’état de débauche de notre génération.
Nous avons 20ans et nous savons qu’un fossé va se creuser. Nous sommes épinglés comme grandes victimes ou simplement oubliés pour éviter de trop changer un système scolaire déjà trop rigide. Nous savons que les études de nos rêves se retirent sous nos pieds et nous tentons de ramasser les bouts de verre sans se blesser.
Mais dans cet afflux d’information, de suppositions, j’ai envi de ressortir une phrase douteuse d’un cours aussi douteux que la formation « Itinéraire » que nous avons en 4e année « si on n’aime pas la vie a 20ans quand est ce que cela arrivera ? ». J’ai envi de croire que nous avons assez soif de la suite pour encaisser. Que nous ne deviendrons pas aussi imbus d’écran que nos aînés veulent bien le penser. Que nous redéfinirons les codes avec notre temps.
Sans doute nos professeurs mettront en place une vraie diffusion des cours pour qu’ils puissent se vanter de leur qualité de streaming pour une raison légitime. Sans doute Tinder installera dans un futur proche, une case « testé négatif au covid récemment ».
Deux possibilités d’avenir qui me semblent aussi incertaines qu’un oréo trempé dans du jus d’orange.
Marie Michelet
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