Le 7 janvier 2021, la parution de livre de Camille Kouchner nommé La Familia Grande, livre traitant de l’inceste, est un évènement marquant en France qui a permis la libération de la parole sur ce sujet épineux. Le livre de Camille Kouchner traite en effet de sa propre expérience de l’inceste qui est souvent perçu dans notre société comme un phénomène marginal. Cependant ce livre a permis une libération considérable de la parole de la part des français et nous montre de ce fait l’inceste comme un phénomène bien plus fréquent que la société nous le fait croire.
L’inceste a toujours été considéré comme un acte innommable illustré à travers notamment la mythologie grecque avec la malédiction des Labdacides du fait de l’inceste entre Œdipe et sa mère Jocaste. Durant de nombreux siècles, l’inceste fut condamné mais la sanction concernait l’ensemble du couple, il n’y avait pas un seul fautif car l’inceste était alors vu comme un péché, une faute morale et religieuse venant du « couple » en question. Cependant l’inceste connaît un développement qui peut surprendre aujourd’hui au cours de l’histoire de France avec une décriminalisation de l’inceste qui disparaît lors du 1er code pénal voté en 1791 durant la Révolution française. Il faut alors attendre 2010 pour que l’inceste entre dans le Code pénal. Il faut aussi savoir qu’au nom de la loi, l’inceste n’est ni un crime ni un délit en soit mais est en fait une circonstance aggravante d’un délit d’agression sexuelle ou d’un crime de viol comme l’explique l’avocat d’Enfance Rodolphe Costantino lors d’une interview à France Culture, en réaction à la libération de la parole des victimes d’inceste en France.
Cette libération de la parole sur les réseaux sociaux avec le hashtag #MetooInceste s’inscrit dans la continuité de la dénonciation d’actes d’agressions sexuelles ayant débuté lors du mouvement #Metoo lancé avec l’affaire Weinstein. Cette vague de libération de la parole sur les réseaux sociaux a entraîné une vague considérable d’indignation et de protestation contre l’inceste de la part des français alors que jusque là il s’agissait uniquement d’actes étouffés et dont les victimes devaient porter seules le fardeau d’un tel secret. Cette réaction des Français a entraîné une demande de la population française de mesures de la part du gouvernement. Le gouvernement n’est cependant pas resté de marbre face à cette prise de parole de nombre de victimes d’inceste comme peut attester la volonté du garde des sceaux Eric Dupond-Moretti de faire passer une loi qui concernerait le principe de consentement qu’il veut mettre à 18 ans alors qu’il est actuellement à 15 ans. Il faut aussi savoir que la période que nous traversons est, certes, une libération de la parole des victimes mais aussi une libération de l’écoute des français et françaises qui préféraient rester pour la plupart dans le déni auparavant mais qui aujourd’hui, notamment grâce à la publication du livre de Camille Kouchner accusant son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, d’inceste sur son frère alors âgé de 13 ans, s’ouvrent progressivement et prennent conscience de l’ampleur de l’inceste en France.
Ainsi, bien que cette libération de la parole des victimes, à travers les réseaux sociaux notamment, nous montre que l’inceste s’est ancré profondément dans notre société, nous pouvons avoir un espoir de changement du fait de la prise de la parole des victimes afin d’éviter de nouvelles victimes de cet acte qu’on ne peut qualifier tant il est atroce et nous pouvons aujourd’hui espérer que le gouvernement prenne les mesures nécessaires pour endiguer ce fléau présent dans notre société et qui a bouleversé tant de vies.
Anais Velay
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