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Photo du rédacteurAlbert Controverses

DOSSIER : les Ouighours, partout en danger

« Nous ne devons avoir absolument aucune pitié envers les Ouighours», « La liberté ne pourra leur être rendue que lorsque leur virus aura été éradiqué » déclarait le Président Chinois Xi Jinping dans un rapport secret dévoilé par le New York Times fin novembre 2019, adressé aux cadres du parti communiste et concernant la répression des Ouighours, ethnie présente au Nord-Ouest de la Chine dans la région du Xinjiang.


S'ils sont minoritaires sur le territoire chinois, ils ont peuplé majoritairement cette région jusqu'en 1949, avant que la Chine n’entreprenne de la "Haniser" c'est à dire d'y envoyer des Hans (ethnie majoritaire en Chine). Pour la plupart de religion musulmane, ils parlent un dialecte turc et ont depuis longtemps une volonté indépendantiste. L'une des plus grandes insurrections séparatistes date des années 1990, mais l'effondrement de l'Union Soviétique à cette période a permis à la Chine d'accroitre son contrôle sur la région. Depuis les attaques du 11 septembre 2001, le gouvernement chinois a même réussit à obtenir l'aide de la communauté internationale dans sa répression contre les Ouighours en présentant ces derniers comme de potentiels terroristes. Cette lutte "antiterroriste" s'est aggravée depuis 2014, avec les cinq attentats revendiqués par l'Etat Islamique au Xinjiang.


L'Etat chinois traite désormais l'Islam comme une maladie mentale. Ainsi, depuis plusieurs années, les Ouighours sont discrètement enfermés dans des "camps de rééducation" par le gouvernement Chinois. Dans ces camps que l'on pourrait plutôt qualifier de camps de détention, les Ouighours suivent des enseignements sur la Chine communiste, sa culture, sa langue et sa religion. A travers ce lavage de cerveau, le gouvernement tente de les faire renoncer à leur foi, à leurs coutumes et de les siniser. Certains médias ont pu avoir accès à ces camps. Pendant leur visite, des "étudiants" prêts à changer, à s'améliorer et à obtenir leur diplôme de "bon chinois" leur sont présentés. Ils semblent être là de leur plein gré, auraient l'autorisation de sortir de temps en temps pour voir leurs proches et les journalistes assistent à de joyeux cours où sont entonnés des chants patriotiques ou encore des ateliers de danse, de dessin. Pourtant, sur les rares vidéos non officielles qui circulent, on peut voir des hommes par centaines, menottés, le crâne rasé et les yeux bandés. Les quelques évadés qui osent en parler décrivent leur expérience comme celle de "l'éradication de l'identité Ouighours", où ils ont été maltraité par les gardes.




Aujourd'hui, plus d'un million de Ouighours seraient retenus dans ces camps, et pour ceux qui sont encore en liberté, un système d'évaluation est mis en place, dans lequel la possession d'un Coran ou la pratique du Ramadan peuvent faire perdre des points. Il a également été décrit par le New York Times que la Chine collectait l'ADN des Ouighours afin d'établir leur portait robot et de pouvoir les identifier parmi la population pour les surveiller en permanence. Cette procédure, tout comme l'attribution de notes aux citoyens, devrait bientôt s'étendre à l'ensemble de la population chinoise.


Même à l'étranger, la diaspora des Ouighours n'est pas oubliée par le gouvernement. La majorité d'entre eux a été contactée par l'ambassade afin d'obtenir des informations personnelles, telle que leur adresse. D'autres sont espionnés sur les réseaux sociaux, notamment sur l'application chinoise WeChat, ou lors des rares manifestations Ouighours où certains sont suivis et photographiés. Ces photos peuvent ensuite faire l'objet de chantage ou de pression pour la famille des expatriés restée en Chine. C'est par peur de retombées sur leur famille que la plupart des Ouighours n'osent pas dénoncer la situation actuelle. En plus de menacer la vie de leurs proches, les autorités chinoises. L’Etat chinois traite désormais l’Islam comme une maladie mentale. Ainsi, depuis plusieurs années, les Ouighours sont discrètement enfermés dans des «camps de rééducation» par le gouvernement Chinois. 6 tentent de s'en prendre à la diaspora. Certains ont déjà été l'objet de sabotage de voiture ou encore d'appels suspects de l'ambassade chinoise leur demandant de venir récupérer un colis.


Face à cette situation qui semble inconcevable, la communauté internationale reste étrangement passive. Malgré les diverses alertes émises par les ONG, les condamnations des dirigeants étrangers ne commencent que récemment à se faire entendre et entraînent une importante division. Si, en 2018, Emmanuel Macron disait lors d'une visite en Chine « ne pas vouloir donner de leçon » à cette dernière, le ministre des affaires étrangères a pour la première fois en décembre 2019 dénoncé la répression du régime chinois. Entre temps, la France a participé à plusieurs déclarations, dont l'une au Haut-Commissariat des Droits de l'Homme de l'ONU, réprouvant la répression chinoise. Cependant, à chaque fois, plusieurs dizaines d'Etats s'insurgent en réponse, dénonçant des accusations infondées et félicitant au contraire la Chine pour ses mesures de "déradicalisation" du Xinjiang.


A défaut de pouvoir compter sur une aide internationale, certains Ouighours prennent le risque de dénoncer la stratégie des autorités chinoises, parfois même à visage découvert, et tentent d'alerter l'opinion publique, qui reste encore trop peu sensibilisée. C'est le cas d'Halmurat Harri qui a lancé en 2018 un "Freedom Tour" à travers l'Europe, ou encore de Dilnur Reyhan, lanceuse d'alerte qui a ouvert en France une école spécifique afin de transmettre et de préserver la tradition Ouighour, avant que la Chine ne termine son génocide culturel.


Par Lili Auriat

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