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Dossier : VIH : un vaccin après 40 ans de lutte ? - Arthur Bauchet

Même s’il ne faut jamais crier victoire trop vite dans le domaine de la santé publique et plus particulièrement au sujet des avancées dans les luttes contre des maladies/virus, nous pouvons toutefois nous réjouir d’apprendre que l’essai clinique d’un vaccin contre le VIH développé par des chercheurs français du VRI (Institut de Recherche Vaccinale) rentre dans sa phase 1. Depuis le 1er mars 2021, l’Institut recherche 72 volontaires.

Avant de commencer :

VIH = Virus de l’Immunodéficience Humaine : Virus infectant l’humain et affaiblissant son système immunitaire le rendant ainsi vulnérable à de multiples infections opportunistes

SIDA = Stade ultime du VIH, après les phases de primo-infection, asymptomatique et d’accélération. La phase SIDA est rapidement mortelle sans traitement.

Ainsi, cette avancée scientifique pourrait-elle conduire à un vaccin contre le VIH et donc à terme à l’éradication de ce virus ?


Nous nous devons dans un premier temps de rappeler que depuis 1995 des traitements existent contre le VIH. Ces traitements sont des médicaments antirétroviraux qui bloquent la multiplication du VIH. Ces traitements sont généralement appelés « trithérapie » puisqu’ils combinent trois types de médicaments. Mais ces traitements ne soignent toutefois pas le VIH et ne permettent donc pas une entière guérison. La trithérapie est là pour « contenir » l’infection, afin qu’elle n’atteigne jamais le stade suprême de SIDA. La trithérapie a permis d’augmenter considérablement l’espérance de vie des personnes infectées par le VIH puisqu’elle diminue de près de 75% le développement d’infections opportunistes (les personnes atteintes du VIH ne mourant pas des causes du virus mais de l’affaiblissement du système immunitaire qui ne peut plus se défendre face à de simples maladies) et donc le passage au stade ultime de l’infection : le SIDA. Grâce à ces traitements, le VIH n’est plus un virus « mortel » dans la mesure où les personnes atteintes ne sont pas condamnées dans les jours ou les mois qui viennent. L’espérance de vie a été prolongée de 10 ans grâce à la trithérapie. Néanmoins, ces traitements restent chers et ne sont pas accessibles aux populations les plus vulnérables et les plus susceptibles d’être infectées par le VIH. En effet, le continent le plus touché reste l’Afrique puisque 25,3 millions de personnes vivraient avec le VIH sur ce continent. La trithérapie n’est pas un traitement diffusé à l’échelle mondiale ce qui ne freine pas l’épidémie. Ainsi, en 2019, 38 millions de personnes étaient porteuses du VIH dans le monde et 690 milles personnes en mourraient chaque année. La trithérapie n’est donc pas une « solution durable » puisqu’elle nécessite une prise quotidienne de plusieurs médicaments contrairement à un vaccin qui est un traitement efficace après une seule dose. Tout ceci explique pourquoi la découverte d’un vaccin reste la recherche privilégiée pour éradiquer le VIH. Le vaccin permettrait une diffusion mondiale à moindre coûts. Une fois le vaccin trouvé et diffusé, l’épidémie du VIH pourrait disparaître en seulement quelques années. Il existe aussi des traitements préventifs « PrEP ». Ce traitement concerne les personnes séronégatives “très exposées” au VIH (homosexuels, travailleurs et travailleuses du sexe, toxicomanes …). La «PrEP » empêche le virus, une fois rentré dans le corps, de se développer. Bien que nécessaire et efficace, la “PrEP” est un traitement préventif qui ne permet pas d’éradiquer le VIH.

Mais pourquoi n’existe-t-il toujours pas de vaccin contre le VIH après 40 ans de recherches contrairement au vaccin contre la Covid-19 qui a mis moins d’une année à voir le jour ?


Premièrement, pour des raisons scientifiques. Le VIH est un virus particulier. Serawit Bruck-Landais, directrice du pôle qualité et recherche en santé du Sidaction, explique cela en trois points. 1) "Il y a plusieurs sous-types du VIH qui circulent dans le monde 2)"Le virus mute énormément" 3) "Le VIH s’intègre dans le génome de la personne infectée et persiste. Pour l’instant, on n’a pas du tout de cas de personnes qui ont réussi à éliminer le virus grâce à leur système immunitaire naturel". Tandis que la Covid-19 « n’est pas un virus qui s’intègre dans le génome » puisque « la plupart des personnes arrivent à l’éliminer avec leur système immunitaire naturel ». Dans le cas de la Covid-19 : « La stratégie vaccinale est 'classique'. On arrive à prendre des bouts du virus, à stimuler le système immunitaire pour pouvoir contrer l’infection ». Ce qui n’est pas possible avec le VIH. De plus, en 1983, quand le virus est apparu, les connaissances médicales mondiales en matière d’infections/virus n’étaient pas aussi avancées qu’en 2019.


Deuxièmement, pour des raisons politiques et financières. Ce que des associations comme Act Up dénoncent c’est que, puisque le VIH était considéré comme le « cancer des gays » voire même comme un châtiment divin, rien n’a été fait dans les premières années par les pouvoirs publics pour lutter contre. Les autorités sanitaires mondiales ont en effet mis plusieurs années avant de considérer le VIH comme une véritable problématique. Les laboratoires ont également tardé à s’intéresser à ce problème de santé publique puisqu’il ne concernait que les drogués et les personnes LGBT+.

Mais cet article est là pour parler d’une bonne nouvelle ! Revenons-en donc à nos moutons. La bonne nouvelle c’est que des chercheurs français du VRI ont mis au point une autre technologie, une autre approche vaccinale pour lutter contre le VIH. Ce vaccin se base sur une technique unique au monde qui ciblerait « les cellules dendritiques pour combattre les agressions du virus du sida ». Ainsi, l’idée serait de combattre le VIH comme toutes les autres maladies traitées par un vaccin, c’est-à-dire en injectant une dose de VIH pour stimuler les défenses immunitaires. Les tests de la phase 1 sont lancés sur 72 volontaires, âgés de 18 à 65 ans, sans problème de santé et habitant en Ile-de-France. Même si les résultats de l’étude ne sont pas encore disponibles (il faut attendre huit mois) il faut souligner le caractère encourageant de ce « vaccin » (le dernier projet de « vaccin » prometteur remontant à 2009 et ayant échoué). Ce vaccin est donc encore au stade expérimental mais il donne de l’espoir en relançant le sujet de la lutte contre le VIH trop souvent oublié et l’espoir de toutes les personnes infectées. Croisons les doigts. Contribuons à la lutte. Il est possible de faire des dons occasionnels à des associations comme AIDES ou le Sidaction. Même en étant étudiant.e, sachez que 10€ peut sauver une vie.

Pensez-y.


Arthur Bauchet



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