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Photo du rédacteurAlbert Controverses

DOSSIER : L’art urbain, laisser à la rue ce qui lui appartient

Dernière mise à jour : 20 avr. 2020


« Art urbain : mouvement artistique qui s'exprime au travers d'œuvres dans la rue : graffitis, décalcomanies murales, installations, mosaïques... », dictionnaire Reverso.


Souvent assimilé à de simples graffitis, l’art urbain nous vient tout droit d’outre-Atlantique. Importé du New York des années 60, ce mouvement s’est développé et aujourd’hui, chaque ville est devenue son propre musée à ciel ouvert. Chaque balade peut désormais se transformer en source de découverte, même au sein du quartier que vous connaissez le mieux. Sur votre chemin quotidien, il vous suffira de lever la tête un peu plus haut que d’habitude pour découvrir une nouvelle œuvre au coin d’une rue.


Tel est l’avantage de cette nouvelle forme d’art qui prend de la valeur par son caractère éphémère mais dont l’attrait est également son perpétuel renouvellement. Il s’est introduit dans tous les milieux et toutes les cultures, aux quatre coins de la planète, et a ainsi permis de dissoudre les frontières nationales, patiemment composées par les hommes politiques. Ici, l’œuvre permet de créer une connexion directe entre l’artiste et le passant, sans qu’aucun expert ne vienne interférer dans l’interprétation du message. Chacun est ainsi libre de choisir les œuvres qui retiendront son attention et son imaginaire.


La reconnaissance de l’art urbain


Mais comment choisir que tel graffiti est un tag de vandale, lorsque tel pochoir est de l’art ? Si les plus puristes continuent à arpenter les rues dans l’anonymat, certains artistes tentent d’accéder au marché de l’art et ainsi à une reconnaissance pour leur investissement et leur travail. En donnant un prix à leurs oeuvres, cela permettrait de développer encore plus l’art urbain, en augmentant les moyens mis à disposition des artistes et en les faisant sortir de leur illégalité. C’est le cas par exemple des mosaïques pixélisées que le Street Artiste français Invader, des tags de Banksy ou encore peinture de Basquiat qui sont désormais exposés dans des musées (comme lors de l'exposition du Tate Modern Museum de Londres en 2008) et ont ainsi connu une légitimation internationale.


Mais l’art urbain a-t-il réellement sa place dans un musée ?


De mon point de vue, son emplacement faisant également partie du message, il ne peut être détaché de la rue avec laquelle il a fusionné pour devenir une œuvre. Dans un musée, qui est justement caractérisé par son cadre et son côté fermé, l’art urbain se retrouve décontextualisé et donc amputé d’une partie de sa valeur. De plus, le déficit de connaissance de cet art, encore méconnu des spécialistes du monde de l’art jusqu'à peu, porte préjudice à ce mouvement, car les institutions qui veulent s’y intéresser ne savent plus par quel bout l’attraper.


Et même si on se contente d’organiser des « tours pour touristes » en extérieur et donc sans dénaturer le produit, avec sa démocratisation, l’art urbain connait une politisation qui met en péril ses valeurs originelles. Pour certains, cette reconnaissance n’est qu’une nouvelle manœuvre des pouvoirs publics en mal de popularité auprès des jeunes. De plus, au niveau artistique, offrir son art aux musées semble opposé à la volonté de contestation du système qui berçait les premiers créateurs urbains.


Ainsi, comme le dit l’artiste anglais Neil Morris « C’est l’argent qui a transformé la perception du street art. L’argent change tout ». La monétisation de l’art urbain fait perdre au mouvement son charme de la clandestinité et de l’interdit. L’un des objectifs était d’arriver à poser anonymement une œuvre dans des endroits inaccessibles ou dangereux, en théorie sans se faire attraper, afin de se faire remarquer et respecter par ses confrères. Mais ces valeurs se perdent et dans les cercles du nouvel art contemporain branché où les œuvres de street art s’arrachent aujourd’hui à plusieurs milliers d’euros.


Par Luana Le Stir



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