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EDITO : le rôle des journalistes en temps de conflits

« Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c’est que vous n’êtes pas assez près ». Cette citation de Robert Capa, un des premiers journalistes de guerre, a beau daté de la 2nd guerre mondiale elle continue à être le credo d’une grande partie des chroniqueurs modernes. De fait, la guerre est l’un des moments privilégiés de la production de l’information médiatique malgré l’omniprésence du danger sur le terrain.


Le problème est que, sur place, les dichotomies habituelles sont chamboulées tout comme le rôle du journaliste. Ce dernier est devenu à la fois une cible et un allié pour les belligérants. Un allié lorsqu’ils peut être acheté - par exemple en échange d’une protection militaire - et par la suite manipulé pour aller dans le sens d’un des deux camps ; mais également cibles afin empêcher la transmission des informations pouvant compromettre un des deux camps.


De plus la détérioration des conditions de travail dans les zones de conflit force les chefs de rédaction à réorganiser le travail médiatique. Il faut notamment prendre en compte les effets qui peuvent survenir après le conflit et non dans son instantanéité. En effet, en moyenne, un individu est confronté une fois dans sa vie à une réelle menace de mort. Or chez les reporters, ce peut être des dizaines de fois, parfois en quelques mois. Ainsi parmi les effets induits de la guerre on retrouve le post traumatic stress disorder (PTSD) qui affecte normalement les combattants. Le problème est que chez les journalistes cette maladie est plus déniée et que beaucoup s’en cachent. Selon JP Mari qui a enquêté sur le conflit israélo palestinien « si on avoue, on craint de passer pour un faible et on a peur de ne pas être envoyé à nouveau en reportage ». Mais d’un autre coté qui aurait envie de retourner affronter des images aussi terrifiantes que celles des grands conflits actuels ?


Pourtant le rôle des journalistes est décisif en temps de lutte. Tout comme les médias peuvent favoriser les conflits en répandant des rumeurs ou en renforçant des stéréotypes qui polarisent la société, en surmontant les représentations stigmatisantes et transmettant les réalités du terrain, des médias équilibrés permettent aux groupes antagonistes de mieux se connaître, de comprendre les aspirations de l’autre. Ils deviennent ainsi des catalyseurs pour un espace public plus pacifique. Ainsi, le journaliste se doit d’être toujours un correspondant de paix - même en temps de guerre. Cela ne signifie pas dissimuler l’existence de conflits, mais les présenter de manière à faire réfléchir.


Par Luana Le Stir

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