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Photo du rédacteurAlbert Controverses

La cas Obono ou la liberté d’expression choisie

Dernière mise à jour : 24 oct. 2020

Après une longue et sévère leçon estivale de “vivre-ensemble“, pleine de faits divers

tous plus violents les uns que les autres et “d’incivilités“ - comme on les nomme aujourd’hui- dont découle ce fameux “sentiment d’insécurité“, l’idéologie progressiste d'extrême gauche

se devait bien de reprendre la main sur l’opinion publique, si malléable.

Effectivement, qualifier le réel s’avère un vrai travail littéraire pour la presse bien-pensante, qui pour la bataille s’arme de son meilleur atout : l’euphémisme ! De quoi faire rougir Victor Hugo et son magnifique plaidoyer politique contre la peine de mort dans Le Dernier Jour d’un condamné ; condamné dont on ne connait ni le nom ni l’horrible crime, mais pour qui

on éprouve la plus grande des compassions grâce à la si merveilleuse prose hugolienne.

Mais si la plume des bien-pensants s’en inspire, leur combat de fond, lui, s’en éloigne et fait même pire : elle le méprise. Hugo fait de son roman une ode à la vie, vie sacrée que détient même malheureusement le pire des Hommes… Ils font, eux, le choix terrible d’une plume

édulcorante, qui signe le pacte du silence, de la mauvaise foi et du déni. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » écrivait Camus…

Comment diable des assassinats répétés peuvent-ils être qualifiés “d’incivilités“ par les médias et par les plus hautes sphères de l’Etat ? La question n’est même plus dans l’idéologie ou dans la sémantique mais bien dans la dignité, le respect. C’est salir la mémoire de Philippe

Monguillot, chauffeur de bus tabassé à mort par quatre hommes pour un masque, Mélanie Lemée, jeune gendarme fauchée par un délinquant lors d’un contrôle, ou encore Axelle, jeune aide-soignante de 23 ans renversée, traînée sur 800 mètres et lâchement laissée pour morte…ainsi que tous ceux qui seraient encore à citer. Et ce n’est pas faute de certains médias et penseurs, de gauche comme de droite, d’avoir tenté de faire reconnaître l’extrême violence - loin du champ lexical “civique” honteusement employé - qui courait dans notre pays. Ils ont été hués, blâmés, comparés aux pires personnages de l’histoire. Le Haut fonctionnariat lui-même rentrait dans ce jeu sémantique et idéologique après son remaniement, avec un Darmanin ferme et rationnel, ne pesant pas ses mots face à un Dupont-Moretti psychanalyste et moralisateur, affirmant avec mépris au peuple Français que la vague de violence qui les frappait n’était qu’un simple « sentiment ». Qu’on en parle aux familles des victimes.


En somme, à la fin d’un été sanglant, la balle est dans le “camp du bien“. Et quoi de mieux pour rééquilibrer la balance idéologique que d’attaquer la fiction sur Danièle Obono , députée de la France Insoumise, réalisée par le journal bien à droite Valeurs Actuelles ?

Se définissant comme « libéral-conservateur » (à mi chemin entre un idéal traditionnel et des idées républicaines), Valeurs Actuelles a durant l’été réalisé plusieurs « fictions » sur des personnages contemporains tels que Didier Raoult, François Fillon ou encore Eric Zemmour,

en les replaçant chacun dans une période passée, pour mettre en lumière certaines inepties du présent par le prisme historique du passé. Le ton s’annonce donc provocateur, mais sans preuves de mépris : Zemmour, amoureux de Napoléon, à Waterloo ; Fillon politiquement

coupable à la Révolution et Madame Danièle Obono durant l’horrible période de l’esclavage, au XVIIIème siècle. En effet Daniele Obono, dans la lignée des mouvements décoloniaux et indigénistes, s’inscrit dans une démarche culpabilisant l’Occident blanc comme seul responsable de l’esclavage des noirs. Elle s’estime, comme Rokhaya Diallo ou Egountchi Behanzin (fondateur de la Ligue de Défense Noire Africaine), une descendante d’esclaves et donc une éternelle victime d’un “racisme d’état systémique envers les noirs en Occident”.

Cette démarche participe donc en réalité à une vraie falsification de l’histoire. Elle omet clairement la responsabilité africaine et arabo-musulmane dans la traite négrière qui sévissait avec autant de force à la même période. Rappelons qu’onze millions d’esclaves noirs furent castrés, vendus, et mis en esclavage par des Africains. Cela ne réduit en rien la part occidentale dans l’esclavage mais cette sélection stigmatisante de l’esclavage blanc par

Obono et les indigénistes est scandaleuse. La LDNA va même jusqu’à qualifier la France d’Etat « totalitaire, terroriste, esclavagiste, colonialiste ». On rêve …


Là tient donc toute l’idée de cette « fiction » de Valeurs Actuelles voulant lui rappeler que l’Afrique fut loin d’être unie durant l’esclavage et qu’elle participa au moins autant que l’Occident blanc à la traite des noirs. À cela ne tient pas seulement le triste palmarès de Danièle Obono auquel s’attaque Valeurs Actuelles, elle fait aussi l’objet de nombreuses polémiques qui mettent en cause radicalement sa fonction de députée de la République française. Elle a soutenu, au nom de la liberté d’expression, une pétition défendant Nick Conrad, rappeur condamné pour ses textes choquants relevant d’un racisme anti-blanc et d’une haine de la France sans nom. Effectivement, pour notre chère députée de la République Française à la France Insoumise, scander : “Nique la France“, “Tuez les bébés blancs“ et “Pendez les blancs“ constitue un droit républicain fondamental. N’osons pas imaginer ce que penseraient les bien dignes auteurs d’une si magnifique loi, pur produit Français. Elle a également refusé de dire “Vive la France“ sur RMC, cela même après de lourdes insistances, du présentateur, à la fois gêné et choqué. Madame Obono rentre aussi dans la logique racialiste, purement raciste, des mouvements anti-racistes qui renvoie sans cesse tout individu à son origine, sa couleur de peau, son sexe etc. Elle définit Jean Castex comme « un homme blanc de plus de 50 ans » à sa nomination. Elle ne le jugea pas, ni sur sa compétence, ni sur ses idées mais seulement sur sa couleur de peau et son âge, le tout donc dans une démarche purement raciste. Avec cette déferlante de haine envers la France et tout ce qu’elle représente, la fiction de Valeurs Actuelles prenait alors toute sa légitimité.

C’est donc dans l’édition du 27 août qu’apparait la fiction sur Obono qui fait immédiatement scandale. Elle y est dessinée en esclave enchainée, en couverture du journal. Ce dessin est

froid et morbide, représentant l’abomination que fut l’esclavage, par tous, ce que Danièle

Obono semble oublier.


Trouver le dessin scandaleux et choquant est bien normal, voir une députée de la République peinte en esclave est choquant. Mais la liberté d’expression Française, c’est aussi et avant tout la liberté de choquer ! Le Roi Louis-Philippe lui-même était dessiné en poire ! Et immédiatement la Justice tombait sur son courageux dessinateur. Louis XVI fut lui aussi victime de caricatures, dont les punitions autoritaires de la Justice entraînèrent en partie la Révolution. Sauf que nous ne sommes plus au XVIIIème siècle et Madame Obono n’est ni Louis-Philippe, ni Louis XVI. On a le droit de se moquer de Danièle Obono ! Même mieux, on a le devoir de combattre les idées de Madame Obono.

Le dessin, choquant une fois sorti de son contexte certes, n’avait pourtant qu’une seule fonction : l’illustration du texte. Ni haine, ni mépris, ni moquerie, ni racisme ne

l’accompagnait. C’est au contraire un dessin lourd de sens qui voulait simplement représenter l’horreur de l’esclavage, dont Reine Obono n’a vraisemblablement conscience que lorsqu’il est perpétré par la France qu’elle déteste tant.

Sans surprises, Valeurs Actuelles fut attaqué dans la foulée par l’ensemble de la presse et de la classe politique. D’un côté par idéologie, de l’autre par électoralisme - Macron et son nouveau Premier Ministre se devant de reconquérir les bobo-gauchistes mondialistes qui l’avaient élu trois ans plus tôt. Pour sa part, la presse de gauche qui chérit tant la liberté d’expression, ne pouvait laisser un journal “d’extrême droite“ combattre les idées d’une députée haineuse ! Pas un ne s’est attardé sur le fond du texte, qui mettait en exergue des faits historiques oubliés et falsifiés par la malhonnêteté intellectuelle de Danièle Obono. Tous se sont attaqués sur la forme, en isolant le dessin de son contexte, le transformant en caricature, lui qui n’avait à l’origine pour unique fonction que la simple illustration. Quand il s’agissait de condamner leur confrère Daniel Schneidermann, qualifiant Christine Kelly de « servante d’Eric Zemmour » ou encore l’habitué de France Inter, Daniel Morin faisant de Charlotte d’Ornellas, une journaliste de Valeurs Actuelles, son objet d’excitation en tant que « petite catho blanche d’extrême droite »et contant ses ébats imaginaires avec elle déguisée en Jeanne d’Arc, appelant au secours Philippe Pétain… Silence radio.



C’est bien ce “deux poids deux mesures” qui est insupportable. L’indignation à géométrie variable de la sphère médiatique est insoutenable. Saint-Juste disait « Pas de libertés pour les ennemis de la liberté. » Et les “progressistes“ d’en faire la parfaite illustration.

Ce progressisme venu tout droit des Etats-Unis et mis en avant aujourd’hui sur la scène politico-médiatique française n’est autre qu’un fascisme et un totalitarisme de la pensée.

De fait, ou la liberté d’expression est un droit dont dispose chaque individu, tant qu’il reste dans le cadre de la loi - ce qui était évidemment le cas de la fiction de Valeurs Actuelles qui n’appelait en aucun cas à la haine sinon à une prise de conscience historique -, ou bien la

liberté d’expression n’est pas. Mais un entre-deux, dans lequel nous sommes, tend

inéluctablement vers un totalitarisme de la pensée, appelé fièrement « progressisme»…

Cette polémique est donc le fruit de l’idéologie régressive et totalitaire bien-pensante qui fait du politiquement correct son credo et d’une liberté d’expression sélective notre futur proche.

Ils ne sont de fait indignés que pour leur seule cause et chérissent la liberté d’expression que quand elle est leur, jamais quand ils en sont l’objet. Valeurs Actuelles fut finalement pris pour cible par la LDNA et son président qui les menaça violemment : « Si vous écrivez contre les noirs, alors vos bras nous allons les arracher, et vous n'aurez plus de bras pour écrire quoi que ce soit. Nous allons vous arracher vos bras » où la encore le silence médiatique fut désolant et lâche, sûrement dans un souci de cohérence.


La gauche unanimement « Charlie », finira même par être critiquée par leur cher journal satirique. La DRH de Charlie Hebdo, Marika Bret n’ira pas de main morte et l’affirmera par des mots tristement tragiques : « La gauche a abandonné le combat ». Abandonné le combat de la liberté d’expression au nom de la victimisation éternelle et de la judiciarisation du débat idéologique. En fin de compte ce ne sont là que de vieilles rengaines communistes propres au régime soviétique dont s’empare la gauche bien-pensante qui, au prix de notre chère liberté d’expression, se défait de ses opposants en les faisant taire.

Saint-Juste était bien avant-gardiste…


David Gade

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