top of page
  • Photo du rédacteurAlbert Controverses

La France est-elle encore la patrie de la Liberté ?

Dernière mise à jour : 24 oct. 2020

La Liberté, cette Liberté que nous chérissons tant, subit chaque jour les assauts de ceux qui veulent la diminuer, mais n’oublions pas que cette Liberté et son exercice ont quelque chose de bien français. Au fond, la France ne représente-t-elle pas un idéal de Liberté pour beaucoup d’entre nous ? Que nous soyons Français, de naissance ou d’adoption, ou étrangers, ne regardons-nous pas ce beau pays de France comme la patrie des Droits de

l’Homme et in fine de la Liberté ?


Un rôle de “phare de la Liberté” acquise avec la Révolution de 1789

Cet idéal de Liberté à la française, qui commence à s’exprimer au XVIIIe siècle avec les philosophes des Lumières, prend tout son sens avec l’avènement de la Révolution française.

Certes, les britanniques sont sûrement les premiers à développer l’idée de Liberté sur le plan politique, notamment au moment de la “Glorious Revolution” de 1689, et les États-Unis reprennent cette image de patrie de la Liberté en y ajoutant la liberté économique. Mais labFrance a joué un rôle important dans la mise en œuvre de la Liberté. En effet, sous la Révolution, de nombreuses allusions à la Liberté fleurissent et traverseront les siècles pour

parvenir jusqu’à nous, en devenant pour certaines des symboles républicains. Au premier rang de ces symboles se trouve inévitablement la devise de la République, où la Liberté occupe la première place du triptyque apposé sur le fronton de nombreux bâtiments officiels,

mais il ne faut pas oublier son existence au sein même de notre Hymne National avec le couplet VI de La Marseillaise qui appelle à défendre cette Liberté :

« Amour sacré de la Patrie

Conduis, soutiens nos bras vengeurs !

Liberté ! Liberté chérie,

Combats avec tes défenseurs ! (Bis)

Sous nos drapeaux que la Victoire

Accoure à tes mâles accents !

Que tes ennemis expirants

Voient ton triomphe et notre gloire ! »

Une autre phrase célèbre - « La liberté ou la mort » - est aussi significative dans une période où rappelons-le, la France est en guerre contre une grande partie des puissances européennes qui souhaitent rétablir le système de l’ancien Régime et ainsi signer la fin de nombreuses libertés mises en place par la Révolution. En effet, dès le début de la Révolution Française, un certain nombre de libertés, aujourd’hui jugées fondamentales et ayant en partie une valeur constitutionnelle, sont proclamées. Parmi ces libertés se trouvent la liberté de propriété, la liberté d’expression, la liberté d’opinion, la liberté de la presse, mais aussi, bien que tardivement dans la Révolution, la liberté matrimoniale avec l’instauration du divorce.

Ainsi, la France de la fin du XVIIIe siècle représente-t-elle un phare au milieu de

l’obscurantisme des puissances européennes. Cette vision de la France terre de Liberté s’exprime par la conquête révolutionnaire avec la mise en place de républiques sœurs, qui certes sont plus des républiques “fantoches” mais où s’instaurent des libertés similaires à

celles proclamées en France. Cette période de la Révolution est donc en soit une première

période de bénédiction où l’image de la France “terre de la Liberté” s’affirme en dépit des nombreux excès révolutionnaires commis sous la Terreur.



Le XIXe siècle met à mal l’idée de la Liberté en France.

Cet esprit de Liberté prend un jour nouveau avec le coup d’État du 18 Brumaire de l’an VIII et l‘arrivée au pouvoir d’un général corse qui deviendra bientôt Consul, puis Empereur des français : Napoléon Bonaparte. La France perd alors une partie de son côté « patrie de la Liberté » puisque Napoléon Bonaparte met progressivement en place un régime autoritaire que certains qualifient de régime policier. Néanmoins, la vague d’abandon des idéaux libertaires issus de la Révolution n’est pas encore pour tout de suite. Si certaines libertés sont restreintes drastiquement, d’autres, comme le droit au divorce, demeurent. Napoléon va

même plus loin que la Révolution en consacrant une forme de liberté religieuse avec la signature du Concordat en 1801. La véritable vague rétrograde n’intervient qu’avec le rétablissement des Bourbons sur le trône de France lors de la Restauration, entraînant une majorité d’ultra-royalistes à la Chambre, souhaitant en finir avec la Révolution française.

Ainsi, les dernières libertés héritées de la Révolution comme le droit au divorce ou la liberté d’opinion finissent par disparaître, lors de la Terreur Blanche de 1815-1816, où à la suite de l’assassinat du Duc en 1820, aboutissant à l’arrestation de nombreux bonapartistes, révolutionnaires, libéraux et républicains.

Cet épisode de noirceur dans notre Histoire commence à se terminer avec les Trois

Glorieuses et l’instauration de la Monarchie de Juillet en 1830 qui consacre à nouveau une certaine place à la Liberté. Néanmoins, la monarchie de Juillet ne consacre pas beaucoup de nouvelles libertés et les régimes qui lui succèdent non plus : la IIe République se transforme vite en régime de “la loi et l’ordre” avec l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte à la Présidence de la République en 1848. Celui-ci, à la suite au coup d’État du 2 décembre 1852, instaure un régime autoritaire et rétablit l’Empire. Les libertés y sont fortement contrôlées et certains Républicains sont poursuivis par la police de Napoléon III, finissant même par être rasés au “rasoir national”. Certes, à la fin du IInd Empire, le régime devient plus libéral mais ce n’est pas non plus un exemple pour le pays surnommé “terre de la Liberté”.


La IIIe République et le retour de la France comme modèle en matière de Liberté

Il faut attendre la IIIe République pour voir la France redevenir une “terre de liberté”. En

effet, malgré quelques excès au début, avec la répression contre les Communards, de nombreuses lois en faveur de la Liberté sont adoptées : liberté syndicale, droit de grève, liberté de la presse mais aussi la liberté d’association, avec la deuxième loi Waldeck Rousseau de 1901. Durant cette période, la France redevient ce phare de la Liberté qui éclaire le monde « par l’éclat des idées, des causes et de la générosité » comme le dira Robert Badinter lors de son discours pour l’abolition de la peine de mort. En effet, la France devient rapidement un modèle d’en matière de liberté pour de nombreux pays d’Amérique latine qui adoptent des institutions et des législations proches de celles existant en France. Cet idéal de Liberté s’explique notamment par l’existence d’une réelle démocratie ouverte à tous - sans distinction de classes - à l’exception malheureusement des femmes. La France de la fin du XIXe et du début du XXe siècle est donc un idéal de Liberté dans une Europe où règnent des régimes autocratiques qui encadrent très fortement la Liberté. Cela se renforcera avec la montée des fascismes et du communisme dans l’Europe d’entre-deux-guerres. En Italie, en Espagne, en Allemagne et en Union Soviétique, la montée en puissance de ces régimes niant la Liberté conduit inévitablement à des tensions qui entraîneront la Seconde Guerre mondiale. C’est alors l’occasion pour la France de montrer une fois de plus qu’elle est le pays de la Liberté. Certes l’Occupation est une page triste et sombre de notre Histoire, mais n’oublions pas que dès juin 1940 des hommes et des femmes ont pris les armes pour continuer le combat et libérer ce pays, au nom de la Liberté, que ce soit en rejoignant Londres, en prenant le maquis ou en menant des actions au sein de réseau comme le Réseau du Musée de l’Homme.


La fin de la France comme modèle et comme patrie des Libertés ?

La fin de la Seconde Guerre mondiale marque en quelque sorte la fin du rôle de la France comme patrie de la Liberté. En effet, les deux grands vainqueurs sont les États-Unis d’Amérique et l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS). Or, parmi ces deux grands, ce sont les États-Unis qui symbolisent par leur éclatante victoire sur le fascisme et la force de leur économie un nouveau modèle de liberté. Dans le contexte de la Guerre Froide,

la capitale de la Liberté passe ainsi de Paris à Washington. Ce glissement s’opère d’autant plus facilement que la France est discréditée aux yeux du monde : d’une part par sa défaite en 1940 et la collaboration qui s’est mise en place par la suite, et d’autre part par la gestion désastreuse de la décolonisation, la France préférant se battre jusqu’au bout pour conserver son Empire colonial quitte à utiliser des méthodes dignes des régimes autoritaires.

Néanmoins, il faut relever que la place de la France en tant que patrie des Libertés reste

encore importante aujourd’hui et a connu une recrudescence à partir des années 1960. En effet, la France essaye d’imposer un troisième modèle diplomatique, indépendant des deux grandes puissances, ce qui lui permet de parler d’une voix singulière sur la scène internationale. De plus, le discrédit qui souffle sur les États-Unis à la suite de leur intervention au Viêt-Nam, couplé à des interventions françaises pour défendre la Liberté et le

droit international à l’ONU, notamment en Irak en 2003, permet à la France de revenir sur le devant de la scène.

Finalement, le meilleur exemple de la place que conserve encore aujourd’hui la France

comme patrie de la Liberté reste les réactions internationales qui suivirent les deux séries d’attentats qui ont endeuillé notre pays en 2015. Mieux, la présence de dizaines de chefs d’État, dont des dictateurs, le 11 janvier 2015 à Paris pour soutenir la liberté d’expression

montre que la France représente un symbole de Liberté. Malgré certaines mesures en droit national liberticides ou encore la justification par le pouvoir politique des violences policières, la France reste sur la scène internationale un phare de la Liberté pour nombres d’acteurs, et est et restera toujours la patrie des Droits de l’Homme.


Maxime Alain-Guenat

30 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page