top of page
  • Photo du rédacteurAlbert Controverses

Portrait : Géronimo, un chef, une légende - Charline Breil

« Quand leurs soldats ont brulé nos villages, on a fui vers les montagnes, quand ils ont volé notre nourriture, on a mangé des cactus, lorsque j’ai choisi une femme, ils l’ont tuée, elle et mes deux filles. Mais dans nos cœurs on ne s’est jamais rendus. » - Geronimo

Imaginez que vous et votre famille vivez sur le même territoire depuis des générations. Et puis, avec le temps, d'autres gens arrivent, s’installent sur vos terres, établissent un gouvernement, des règles, des lois sans vous contacter. Pire encore, on ferait tout pour vous chasser.

C’est contre cela que s’est battu Geronimo.

C’est l'histoire d'un chef, d’une légende, d’un apache indomptable.

Géronimo, l’Apache indomptable (1829 – 1909)


4 septembre 1886. 5 000 hommes de l’armée américaine, soit le quart de ses forces, 500 éclaireurs et pas loin de 3 000 soldats Mexicains sont déployés. Geronimo est arrêté. Véritable chaman apache, jusqu’à sa mort il aura été le cauchemar des tuniques bleues.

« Geronimo » un nom qui deviendra le cri de guerre des parachutistes américains en 1944. « Geronimo » un nom qui sera utilisé par les forces spéciales américaines. « Geronimo Ekia » un nom de code qui avertira la Maison Blanche de l’exécution d’Oussama Ben Laden. L’utilisation de cette contraction de « Geronimo Enemy Killed in Action », ennemi tué au combat, a été décriée par les Native Americans. Mais illustre pourtant la controverse créée par ce personnage dans l’histoire américaine, tantôt qualifié de « renégat », tantôt de « légende ».


Mais revenons au commencement, Goyakla « celui qui baille », entré dans l’histoire sous le nom de Geronimo (car il a battu les Mexicains le jour de la Saint Jérôme) est né en juin 1829 à No-Doyon Canyon (aujourd’hui Clifton) à l’ouest de l’actuel Nouveau Mexique, mais qui était encore un territoire Mexicain. « Je suis né dans les prairies où le vent soufflait librement et où rien ne venait briser la lumière du soleil. Je suis né là où il n’y avait pas d’enclos. ». Il naît apache et fut l’un des plus grands guerriers de l’Ouest. Les terres des apaches ont été convoitées par le fléau qu’est la colonisation. Ils devaient lutter pour leur survie. Les enfants venaient au monde en se battant et devaient avoir une connaissance accrue de la région.La fraternité a mené les Amérindiens à se battre. Se battre pour la liberté. Se battre pour leur terre sacrée. Un cadeau de Dieu qu’ils se devaient de protéger.

1858. Tout commence. Des soldats mexicains attaquent la tribu apache des Chiricahu, pillent et tuent hommes, femmes et enfants. Geronimo perd sa mère, sa femme et ses deux enfants. Il fait de sa vie un combat, un combat pour la famille qu’il a perdu mais aussi gagné avec ses confères apaches. Dès lors commencent des raids sanglants contre les Mexicains.

Geronimo, en tant que chef de guerre, a mené ses combats aux côtés de 40 hommes et 90 femmes et enfants, face à 50 000 soldats. S’ensuivent des mois de fuite, pour préserver l’honneur, et le nom des Amérindiens. La capacité à disparaître de Geronimo, venait, selon son peuple, de ses pouvoirs de prémonition qui l’avertissait de la présence de l’ennemi. Ses connaissances géographiques et ses facultés à exploiter des ressources humaines limitées et des terrains difficiles ont fait de lui un stratège et un véritable tacticien.


Les autorités américaines ferment certaines réserves et déportent les Amérindiens vers d’autres, prétendent vouloir la paix mais pensent à la guerre. En 200 ans ce sont plus de 10 millions d’amérindiens qui sont exterminés, pour le simple fait d’avoir vécu les premiers sur ces terres.Fatigué de se battre, il se rend le 4 septembre 1886. Le quart de l’armée est déployé face à 16 guerriers apaches, 12 femmes et 6 enfants. Une situation de force inégalitaire qui illustre le cauchemar vécu par les amérindiens face aux oppresseurs. Il devient prisonnier de guerre en moyennant la prise en charge humanitaire, sociale et éducative des communautés apaches par l’Etat fédéral. En réalité, ce sera une reddition sans condition.

1905. Prisonnier de guerre depuis plus de vingt ans, il dit au journaliste S.S Barret qui rédige ses mémoires « Je veux retrouver ma terre natale avant de mourir. Fatigué de lutter, je désire le repos. Je veux revoir à nouveau les montagnes. J’ai demandé cela au Grand Père blanc, mais il a dit non » Il meurt un an plus tard. Et ne reviendra jamais chez lui. Porteur d’espoir, son nom résonne encore aujourd’hui face à l’impuissance des peuples autochtones, à faire entendre leur parole dans un environnement industrialisé, mondialisé et de plus en plus éloigné de toutes ressources naturelles.« Quand le dernier arbre aura été abattu - Quand la dernière rivière aura été empoisonnée - Quand le dernier poisson aura été péché - Alors on saura que l'argent ne se mange pas. »Les peuples autochtones ont lutté et luttent encore pour leur émancipation. Le combat est encore long et périlleux mais c’est en partageant l’histoire que victoire sera faite, en commençant par celle de Geronimo, redoutable adversaire de la domination de l’homme blanc. Son nom a fait trembler les Etats Unis, avant d’être synonyme de courage, d’honneur et de liberté.


"Nous sommes en train de disparaître de la surface de la terre, mais je continue à croire qu'il doit y avoir une bonne raison pour que Yoséné [=Dieu] nous ait créés. Il a donné vie à toute une variété d'espèces d'hommes. Ainsi pour chaque espèce créée, Il désigna un pays particulier. Lorsque Yoséné créa les Apaches, Il leur donna un pays qui se situe à l'ouest. Pour nourriture Il leur remit des graines, des fruits et du gibier. Afin de soigner les différentes maladies, Il fit croître des plantes médicinales. Puis Il leur enseigna où trouver ces plantes et comment les préparer. Il leur accorda un climat doux et tout ce dont ils avaient besoin pour se vêtir et s'abriter... Cela eut lieu au tout début de la création : car Yoséné créa simultanément le peuple Apache et son pays. Et quand viendra le jour où les Apaches seront séparés de leur terre, ils tomberont malades et mourront. Combien de temps s'écoulera-t-il avant que l'on dise qu'il n'y a plus d'Apaches ?"


Charline Breil



25 vues0 commentaire
bottom of page